La charpente est d’un modèle « archaïque » : 21 poutres allant de mur à mur et portant des planches perpendiculaires. Le décor en est postérieur, « gothique », peint sur un plafond déjà en place, à la différence de la plupart des autres plafonds, dont la majorité des pièces a été peinte au sol. Autre différence majeure : aucun closoir et par conséquent pas de scène historiée. Les joues des poutres sont gris sombre ornées d’étoiles rouges, de faible force visuelle. Les ais sont colorés de rouge ; un décor d’étoiles et de blasons en a sans doute disparu. La palette actuelle de ce plafond est donc beaucoup plus rouge qu’originellement : elle était initialement bien plus contrastée, notamment par des bleus vifs.
Le décor est fondé sur l’alternance de deux modèles. Le premier modèle (A) est composé de quadrilobes jointifs, dont le centre est occupé par un motif circulaire de couleur vive, entouré de rinceaux stylisés ; une poutre sur fond rouge (A1), la suivante sur fond blanc (A2), le modèle B s’intercalant entre les deux.
Les motifs sont peut-être peints au pochoir, mais le trait de peinture est si vif qu’il a peut -être été réalisé sur un tracé préparatoire.
Le deuxième modèle (B) porte un décor plus complexe, alternant deux motifs enserrés dans des cartouches. L’un est géométrique, formé d’un carré dont chaque côté est inscrit dans un quadrilobe, rehaussé d’un vert lumineux.
Modèle A
Modèle B
 
L’autre représente, avec beaucoup de grâce, deux oiseaux posés sur un léger branchage fleuri : les oiseaux se tournent le dos mais ils se regardent et leurs becs opposés, rouge vif, soulignent cet affrontement.
La composition générale du décor est bâtie sur deux principes associés : la linéarité des poutres A, que n’interrompt aucun couvre joint entre les ais du plafond et la disposition en damier des poutres B. En effet, le motif des oiseaux retrouve le même emplacement sur la poutre, toutes les quatre poutres.
Le motif losangé se retrouve à Saint-Polycarpe et celui des oiseaux n’est pas l’apanage de Pieusse ; il se retrouve notamment à Avignon.
Doit-on imaginer un décor élaboré en plusieurs étapes : un premier décor peint sensiblement après la construction du plancher, puis un second décor beaucoup plus fin et complexe, s’ajoutant plus tard sur les poutres, au temps des relations étroites entre l’archevêché de Narbonne et la papauté avignonnaise ?
Sources :Christophe Robert, Monique Bourin